J'aime pas qu'on me plaigne. Je préfère rigoler. Devant les mines compatissantes, je réponds depuis trente ans : "Je n'ai pas de père, mais je m'en fiche, c'est comme ça. J'ai une photo."J'ai aussi deux soeurs, et une mère italienne... mais attention... interdit de parler de "lui" devant "elle"... Ça déclencherait une éruption volcanique. Car le volcan, il paraît, n'est pas encore éteint. Je crois que c'est un peu à cause de ma figure. La même que lui. Quand ils me voient rigoler, dans la famille, ils disent : "C'est son portrait craché." Et ma mère est à la fois triste et fière. Elle est fière parce que je suis blonde comme lui, alors qu'ils sont tous bruns. Mais moi je préférerais être comme eux. C'est pour ça, que je fais des conneries comme les mecs, pour leur ressembler, pour être plus italienne qu'eux. Des conneries d'artiste, comme dit mon parrain. Je suis sa préférée. Et lui aussi, c'est mon préféré.
Paris, 1963. Etienne Lomel et sa femme Louise forment un couple ordinaire, travaillant tout deux pour l’imprimerie-papeterie qui leur appartient. Mais voilà qu’Etienne est pris de violentes douleurs à l’estomac après chaque repas. Bientôt, un autre mal le ronge, lorsqu’il se rappelle des premières années avec Louise. En ce temps-là, il était son amant avant de devenir son époux, à la mort de Guillaume, le premier mari de Louise. Et si Louise essayait de l’empoisonner? Ou bien n’est-ce qu’un délire de personne malade qui le ronge?